Journal de bord
de Pont-Aven
à Rochefort-sur-Mer



30 janvier 1991 :

      Lever matinal à 6h30, nous avions perdu l'habitude. Après un copieux petit déjeuner, nous appareillons. Mamie et les petits mousses vont se recoucher.
      Pas de vent et pas de visibilité.
      Je tente de mettre une ligne de pêche qui, lors d'un essai sous voile, va s'accrocher sous le bateau.
      A 11h50, nous nous amarrons entre deux tonnes dans Port Tudy sur l' île de Groix.
      L'après-midi, après avoir gonflé l'annexe pour débarquer, nous nous promenons jusqu' à Port Lay.

31 janvier 1991 :
      Je me réveille avec un mal de gorge et reste au lit jusqu 'à midi.
      Les enfants font leurs devoirs. Mamie a bien avancé les chaussettes pour Claude.
      L'après-midi, les enfants sont excités car nous ne sommes pas allés nous promener malgré
le beau soleil.
Damien est au courant de tous les mouvements du port : bateaux, promeneurs ... C'est rigolo de voir ce petit “bout de chou”
de 5 ans s'intéresser à tout ce qui se passe. D'ici peu, nous pensons qu'il saura se débrouiller sur le pont.
      Aurélie semble moins s'intéresser ... Pour elle, pourvu qu'il y ait un livre.
      Aujoud'hui, nous avons commencé à parler du Grand Départ pour la mi-avril. Comme pour le voyage de 81/82, brigitte veut ouvrir un cahier pour ne rien oublier ( les allumettes par exemple ...)

1 février 1991 :
      Nous décidons de rester la météo étant peu favorable : vent assez fort juste dans le cap.
      Nous passons la journée à bord à lire ou à tricoter pour ces dames. Dans la soirée, Mamie se couche car elle ne va pas très bien.

2 février 1991 : 
      Nous nous équipons chaudement car il fait froid. Rien qu'en préparant la manoeuvre de départ, j'attrape l'onglet.
      Après une navigation au portant (vent d'E / NE 4), nous mouillons dans l'anse du Vieux Château (Ster Vraz )à Belle-Ile. Nous sommes entourés d'oiseaux de mer; le coin est sauvage mais très chouette.
      A 21h, nous nous couchons car l'étape de demain sera longue : 60 milles jusqu'à l'île d'Yeu.

3 février 1991 :
      Nous levons l'ancre à 8h30 avec un vent faible toujours de l' E
et une visibilité médiocre. Il fait frisquet; heureusement nous sommes bien équipés.
      Peu après, c'est la purée de pois. A midi, nous passons à la “risée volvo” et barrons avec la barre intérieure que nous apprécions vivement.
      La navigation n'est pas facile et nous nous retrouvons trop vers l'Est vers la Chaussée des Boeufs. De plus, nous avons un problème avec le radar dont le fusible claque dès son démarrage. Ne trouvant pas la cause, j'en déduis que la panne vient de la partie aérienne.
      Plus tard, c'est une corne de brume qui nous cause la trouille et nous fait tourner en rond. Sans le savoir, nous étions tout près de Port Joinville (île d'Yeu).
      Enfin vers 0h30, nous découvrons le port en même temps que les feux de l'entrée ( moins d'1/2 milles de visibilité). Ouf !!! nous sommes soulagés.
      Dodo bien mérité après un rapide casse-croute.

4 février 1991 :

      Les enfants viennent au réveil pour un câlin.
      Aurélie termine une nouvelle semaine de cours du CNED que nous postons dans l'après-midi. Nous en profitons aussi pour téléphoner à la famille.


5 février 1991 :
 
      Ayant décidé de pique-niquer, nous faisons quelques emplettes. Il fait beau mais très froid (-10°C) : temps idéal pour marcher.


      Après avoir déjeuné au petit port de La Meule,

      nous cheminons le long des falaises jusqu' à un château en ruines bâti en partie sur les rochers.

      Un peu plus loin, nous découvrons les vestiges de remparts datant des gaulois. Puis c'est la visite de la Citadelle : ancienne prison où fût enfermé Pétain.
      Cette journée est une belle leçon d'histoire pour Aurélie. Nous rentrons fourbus mais contents de notre marche ( >12kms ) .

6 février 1991 :
      Nous apprécions une bonne douche bien chaude après le petit déjeuner.
      L'après-midi, nous repartons pour une petite promenade le long de la côte NW jusqu'au Dolmen des Petits Fradets. Le retour est glaciale car le vent de NE qui forcit nous transperce.

      Jacques, pêcheur professionnel qui passe ses diplômes de patron de pêche, nous invite à bord de Malamock (plan Derwin). Cest un superbe bateau en bois classique de 35 ans servant de demeure à son skipper.

7 février 1991 :
      Depuis cette nuit, c'est un coup de vent E.NE; aussi ce matin nous avons droit à un réveil frigorifique (+1°C dans le bateau) car nous ne laissions pas jusqu'à présent le poêle allumer la nuit .
      Afin de ne pas cogner contre le ponton, nous portons des aussiéres de rappel sur celui d' à côté. Brigitte et moi sommes pétrifiés à la fin des manoeuvres et ne sortiront que vers 16h30 pour acheter du poisson.
      Les pêcheurs sont étonnés que Mamie navigue avec nous surtout en plein hiver. Si elle le voulait, elle pourrait tricoter et vendre des chaussettes et cagoules de laine. Allons-nous l'emmener sur les bancs de Terre-Neuve où elle ferait fureur?

8 février 1991 :
      Nous nous réveillons avec 10 cm de neige sur le pont. Tout le monde est impatient d'aller profiter de la neige.
      Jacques vient nous rejoindre pour dîner. Nous passons une longue soirée à discuter pêches et méthodes de navigation.

9 février 1991 :

      Ce matin, les enfants se précipitent chez Jacques qui leur explique le montage des lignes de pêche. Il me prête aussi un livre de navigation astronomique pour le calcul de la droite de hauteur. Rendez-vous est donné pour fin avril au petit port de La Meule.
      Après le déjeuner, la ballade est écourtée par une nouvelle tempête de neige.

10 février 1991 :
      A 11h, équipés chaudement, nous quittons Port Joinville le pont sous la neige. la navigation est simple avec un vent faible mais portant.
      Nous arrivons aux Sables d'Olonne à 17h.

11 février 1991 :
      Je jette des seaux de mer sur le pont qui est gelé.
      Nous prenons la mer au moteur car le vent est nul. Par contre, la visibilité baisse progressivement jusqu'à moins d'un demi-mille. Nous nous faisons tiré par le radiophare des Baleines.
      Brusquement, vers 13h, nous apercevons les Baleineaux à moins d'un demi-mille. Nous poursuivons notre route entre les îles Oléron et Ré grâce aux lignes de sonde.
      A 18h,nous entr'apercevons Fort Boyard et l'île d'Aix.

      Arrivant vers son débarcadère, la purée de pois tombe d'un coup. Grâce aux halos des réverbères, nous mouillons à quelques mêtres de la côte, pas très rassurés. Heureusement l'ancre accroche du premier coup.

12 février 1991 :
      Nous avons passé la nuit à surveiller les alignements des feux du débarcadère. Je suis même sorti à poil sur le pont verglacé pour vérifier le mouillage; heureusement ma Petite Femme Chérie était là pour me réchauffer.
      Vers 3h, le temps était complètement dégagé malheureusement, au réveil, nous n'apercevons même pas la côte qui est à moins de cinquante mêtres.
      Vers 15h30, nous partons dans la brume en soignant notre navigation. A partir de Port des Barques, la visiblité étant bonne, nous allons jusqu'au ponton de la Fontaine de Lupin.

13 février 1991 :
      Une nouvelle fois, le pont est gelé après la neige et la grêle de cette nuit. A 10h, nous quittons Lupin et remontons la Charente au moteur malgré la marée basse (vive le dériveur).
      Que les berges ont changé en 9 ans de temps ! beaucoup plus de pontons de pêche et de corps-morts. Nous rencontrons de nombreux bateaux de “piballes” (civelles ou petites anguilles).

      A midi, nous passons sous le pont à travée levante.

      C'est avec beaucoup d'émotions que nous revoyons la Corderie Royale, fin de notre voyage précédent.
      Le port de plaisance de Rochefort sur Mer va être notre base pour les dernières préparations du Grand Départ.
Quelques vidéos relatant notre navigation jusqu'à Rochefort-sur-Mer.

A suivre ...