Le  phare  du  cap  Spear
Sources : http://www.pc.gc.ca

 

Histoire :

Depuis le milieu du XIXe siècle, le phare du cap Spear projette son faisceau lumineux du haut de ce promontoire. Il ne s'agit que du deuxième phare construit pour guider les marins le long des côtes rocheuses de Terre-Neuve; pourtant, en 1836, il y avait déjà deux siècles que l'île était peuplée! En 1810, un premier phare avait été installé à Fort Amherst, à l'entrée du havre de St. John's. En 1832, l'Assemblée législative nouvellement constituée lançait un programme de construction de phares pour rendre la navigation plus sécuritaire le long des côtes : c'est au cap Spear qu'il fut décidé de placer le deuxième phare, à cause de sa proximité du port de St. John's.

   
C'est à Nicholas Croke et à William Parker, deux entrepreneurs de St. John's, qu'on a confié le soin de bâtir cet ouvrage. Les travaux ont débuté en 1834 ou au début de 1835. Le bâtiment original était une structure carrée de deux étages, dominée en son centre par la tour du phare. Le phare est entré en service en septembre 1836. En 1878, une corne de brume y était ajoutée pour aider les navigateurs à repérer l'entrée du havre de St. John's.
Le vieux phare, 1836
Photo: ©Parcs Canada/HRS 0121/ J-P. Jérôme
 
Le mécanisme du phare n'était pas neuf. Il avait été expédié du phare d'Inchkeith, sur la côte est de l'Écosse, où il servait depuis 1815. Des réflecteurs courbés concentraient et intensifiaient les feux de sept brûleurs Argand (du nom de leur inventeur Suisse). Brûleurs et réflecteurs étaient disposés sur un cadre métallique dont la rotation lente, assurée par un mécanisme d'horlogerie, produisait un faisceau de lumière blanche de 17 secondes suivi de 43 secondes d'obscurité.
   
Au gré des progrès de la technologie, le phare a connu diverses améliorations. Le dernier mécanisme en usage au phare du cap Spear a été un feu dioptrique en verre installé en 1912. D'abord alimenté au mazout, il a fonctionné à l'acétylène à partir de 1916, puis à l'électricité après 1930. En 1955, le mécanisme dioptrique était installé dans une nouvelle tour, à proximité du phare original.

De nos jours, le premier phare du cap Spear a été restauré à son apparence d'environ 1839 et meublé à la façon des résidences de gardiens de phare à cette époque. Il est aujourd'hui le plus ancien phare encore intact de Terre-Neuve et Labrador.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'activité au cap Spear s'est portée sur un péril bien différent de celui posé par les récifs. Situé directement sur l'itinéraire des convois reliant l'Europe à l'Amérique du Nord, le cap a pris soudain une importance stratégique. Sous-marins et ravageurs allemands hantaient les eaux au large de l'île et s'en prenaient aux convois. Une batterie de défense côtière équipée de deux canons de 25 cm a donc été aménagée sur la pointe du cap pour protéger l'accès au port de St. John's. Ses emplacements de canons étaient reliés par des passages souterrains à une poudrière et à des salles d'équipement. De 1941 à 1945, on y a stationné des troupes, pour lesquelles des casernes, des salles à manger et des cantines ont été construites. À la fin des hostilités en 1945, la plupart des fortifications ont été démolies, mais les emplacements des canons demeurent, sombres témoins de cette période critique de l'histoire militaire canadienne.

De nos jours, les bunkers et les fûts des canons abritent les visiteurs venus observer l'océan. Et quand ils scrutent l'horizon, ce n'est pas l'ennemi qu'ils observent& mais les baleines, les icebergs, les oiseaux de mer et le va-et-vient des navires de passage au port de St. John's.

Patrimoine naturel :

Le lieu historique national du Canada du Cap-Spear occupe la pointe de terre la plus à l'est du Canada. Cet emplacement, associé à un micromilieu, héberge une flore unique. La communauté végétale diversifiée de Cap-Spear fait de chaque visite dans ce secteur une expérience différente. Ainsi, au mois de juillet, on assiste à la floraison d'espèces qu'on n'aurait pas remarquées deux semaines plus tôt.

La situation de Cap-Spear en fait également un excellent site d'observation des oiseaux. Nombre d'espèces observables de cet endroit, comme les puffins, ne se retrouvent d'ordinaire que loin en mer. Durant l'été, on peut en effet observer le puffin des Anglais, le puffin fuligineux et le puffin majeur, ainsi que les guillemots, les petits pingouins et, avec de la chance, les labbes.

Le rorqual à bosse, tout à la fois gracieux et majestueux, est le cétacé le plus souvent observé à Cap-Spear. Ses spectacles de nage acrobatique savent toujours captiver et enthousiasmer ceux qui ont le privilège d'y assister. Il est également assez fréquent de voir le petit rorqual et le rorqual commun. Durant l'été 2002, on a signalé des épaulards à quatre reprises, dont un groupe qui comptait pas moins de 15 individus! Le dauphin à flancs blancs de l'Atlantique, le dauphin à nez blanc, le marsouin, le phoque commun et la loutre ont aussi tous été observés depuis la pointe du continent!